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la porte basse la franc-maçonnerie sans cordons ni tabliers ← articles plus anciens 04 juillet 2012 jour 12 : franc-maçonnerie et politique (3e partie / un vote maçon ?) comme lors des précédentes campagnes électorales, nous avons pu voir de nombreux politiques sacrifier à la traditionnelle conférence, rue cadet, au godf. d’autres ont écrits directement aux obédiences pour préciser leurs intentions sur les points intéressants les loges (laïcité, progrès social, mixité…)… alors, existe-t-il un « vote franc-maçon » qui justifierait tant d’attentions, comme on a pu parler de « vote ouvrier », « vote fonctionnaire » ou de « vote communautaire » ? beaucoup, conspirationnistes ou journalistes à la recherche de bons sujets, aimeraient à croire que les quelques 160 000 sœurs et frères de l’hexagone constituerait un contingent politique non négligeable. de nombreux profanes m’interrogent d’ailleurs souvent sur les orientations politique de notre « confrérie » (comme ils l’appellent), comme si il était naturel qu’engagement maçonnique aille nécessairement de pair avec engagement politique. pour eux, aucun doute, organisations métapolitiques, les obédiences se classent selon les grilles partisanes de la vie électorale française et leurs membres se rangent nécessairement derrières telle ou telle consigne de vote… j’ai même, une fois, entendu un ami m’expliquer la raison d’être du grand orient par les infiltrations trotskystes au sein du ps. j’ai déjà eu l’occasion d’expliquer ici en quoi la franc-maçonnerie se situait sur un tout autre plan, spirituel, philosophique et personnel, qui n’interférait pas avec les convictions partisanes de ses membres (même si les obédiences, en tant qu’organisations, ne s’interdisaient d’intervenir parfois dans les débats publics). si les structures maçonniques peuvent en vertus des valeurs qu’elles représentent donner leur soutien, ou exprimer leur méfiance, envers un projet de loi ou le discours d’un homme politique, jamais, elles n’en tireront une consigne de vote, se gardant d’entrer dans les consciences de leurs membres. alors, si l’intervention d’élus ou de candidats auprès des obédiences relève d’une certaine tradition républicaine, si il est vrai que les francs-maçons, individuellement, sont, par leur profil, souvent des citoyens actifs et prescripteurs, et si, parfois, le poids de ces électeurs peuvent compter au niveau local, il n’existe pas réellement de vote franc-maçon ! les chiffres, tout d’abords, parlent d’eux-mêmes : avec 160 000 membres, la franc-maçonnerie ne pèse que 0,4% du corps électoral. pas de quoi renverser la tendance! certes, on pourra me rétorquer que ces citoyens ont une certaine valeur aux yeux d’un candidat (les professions d’encadrement, libérales, les responsables associatifs, sont surreprésentés dans les loges) … mais ce serait penser que les francs-maçons votent « comme un seul homme » ! là encore, je me dois de refroidir vos phantasmes : on retrouve dans les ateliers les mêmes clivages, et dans des proportions quasiment équivalentes, que dans le monde profane. certes, on va croiser certainement plus d’électeurs de gauche au grand orient ou au droit humain qu’à la gldf ou à la glnf. c’est vrai, mais ce prisme politique est avant tout dû à la sociologie de leurs membres, préexistante donc à leur engagement maçonnique. finalement, le maçon, comme tout autre citoyen, se définit politiquement d’abords en fonction de son âge, sa catégorie socio-professionnelle, sa culture personnelle et familiale et le contexte de son quotidien… d’ailleurs, hormis quelques loges très politisées, on rencontre une vraie diversité d’opinions au sein d’un même atelier : on ne va pas au go parce qu’on est de gauche, ou à la glnf parce qu’on est de droite, mais, le plus souvent, par le fruit du hasard d’un ami, un collège, un proche, qui vous propose, un jour, d’y entrer ! un exemple : je déjeunais la semaine dernière avec un frère du go qui regrettait le départ de françois fillon et je croisais, hier soir, un autre, de la glnf, qui en faisait le procès implacable. alors, c’est vrai, il existe quelques lignes directrices, issues des orientations philosophiques propres à la maçonnerie : faible présence d’électeurs d’extrême droite, plus forte ouverture aux avancées sociétales qu’ailleurs (euthanasie, avortement…)… mais sur bien des sujets, comme la place de l’etat, la fiscalité, les 35 heures, la dette publique, le droit du travail… : les mêmes débats qu’ailleurs ! publié dans non classé | marqué avec franc-maçon , franc-maçonnerie , glnf , godf , obédience , politique , république | laisser un commentaire 03 juin 2012 jour 11 : franc-maçonnerie et politique (2e partie / des noms!) nous avons vu en quoi la franc-maçonnerie n’a eu qu’en de rares périodes l’influence que lui prêtent souvent profanes, mais aussi maçons, sur les affaires publiques. si la franc-maçonnerie joue aujourd’hui un rôle politique, c’est en temps que « corps intermédiaire » (pour reprendre les mots de l’actuel grand maitre du go) comme les autres : force de proposition, force de « lobbying » parfois… mais de « grand complot », point ! et encore, nous parlons ici des obédience les plus axés sur les domaines sociaux comme le grand orient, justement, ou le droit humain… d’autres, comme la glnf, la gltso, la glfmm se contentent du pur champ symbolique et initiatique. pourtant, pour la vox populi, les loges restent ce passage obligé pour tout rastignac de la politique, le lieu de tous les basses œuvres de la vie publique. en cela, elle est, il faut l’avouer, bien encouragée par des journalistes, plus ou moins sérieux, qui se font forts de débusquer tel ou tel « franc-mac » dans, pêle-mêle, les gouvernements, les hautes administrations, les grandes entreprises ou les principales villes de province où ils tireraient, en toute discrétions, les fils des affaires publiques et seraient dans l’ombre de tous les arbitrages … et quand bien même ils n’en trouvent pas, rien ne les arrête : on y ajoute alors, pour faire bonne mesure, d’anciens frères, qui ne fréquentent plus les loges depuis parfois des dizaines d’années, ou qui y ont fait un passage éclair… puis, si cela ne suffit pas encore, on récupère ceux qui sont réputés « proches des loges », « maçon-compatibles », « fils de maçons », « proches des loges » et autres « maçons sans tabliers »… bref, on ratisse large et, à ce compte-là, les listes peuvent être infinies : mélenchon, ayraud, baroin, sarkozy, collomb, bertrand, hortefeux, larcher, rebsamen, lepage, delanoë, estrosi, proglio, valls, chirac, baylet, géant, collard, santini…. tous maçons, anciens maçons, probables maçons, amis de maçons, maçons sans le savoir ! treize à la douzaine ! bref, redescendons sur terre, la réalité des choses est bien moins flamboyante : si on retrouve, c’est vrai, de nombreux maçons engagés dans la vie collective de notre pays (d’abords parce que l’engagement maçonnique procède de motivations proches des engagements associatifs, politiques ou locaux), les hommes politiques, en tant que tel (ceux qui exercent des responsabilités nationales ou locales importantes) sont finalement assez rares parmi les 160 000 sœurs et frères que compte l’hexagone. « nous avons eu le maire quelques années, mais il est parti alors qu’il n’était que compagnon », ce témoignage du vénérable d’une loge de banlieue parisienne en dit plus que de longs discours. s’il n’est pas rare de retrouver sur les colonnes des temples des militants, responsables de sections, adjoints, il est déjà moins courant d’y retrouver des maires, des conseillers généraux… et encore moins des députés ou de sénateurs. une nette différence entre militants et « professionnels de la politique » donc. ils sont quelques dizaines à peine, à l’assemblée nationale comme au sénat, et encore, certains ne fréquentant plus qu’épisodiquement les loges. et si plusieurs grands édiles de provinces sont souvent mis en avant, ils sont les arbres qui cachent la forêt ! deux raisons à cela : le temp